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La fin de la guerre civile d'Espagne

l'exode

 

Février 1939 : la fuite par les montagnes des républicains espagnols civils enfants femmes militaires !

Le 20 mai 1939, il y a 80 ans  fin de la guerre civile d'Espagne et le début de la seconde guerre mondiale.

Nombreux  sont ceux qui n'ont rien compris à la guerre d'Espagne : deux Espagnes se sont opposées  à l'avant garde de l'Histoire . Elles  prédisaient l'événement le plus meurtrier du XXème siècle : la seconde guerre mondiale , l'affrontement crucial : le fascisme contre la liberté .

Quelques âmes éclairées quelques intellectuels avisés, visionnaires ont commenté la tragédie  espagnole :

  •  La tragédie espagnole est un charnier. Toutes les erreurs dont l'Europe achève de mourir et qu'elle essaie de dégorger dans d'effroyables convulsions viennent y pourrir ensemble… Un tel cloaque, image de ce que sera demain le monde », Georges Bernanos
  • « La falsification historique consiste à attribuer la responsabilité de la défaite espagnole aux masses ouvrières, et non aux partis qui ont paralysé, ou purement et simplement écrasé, le mouvement révolutionnaire des masses. Les avocats du POUM contestent tout simplement le fait que les dirigeants portent quelque responsabilité que ce soit, afin d'éviter d'avoir à assumer leur propre responsabilité. Cette philosophie de l'impuissance, qui cherche à faire accepter les défaites comme de nécessaires anneaux dans la chaîne des développements cosmiques, est parfaitement incapable de poser, et se refuse à poser, la question du rôle de facteurs aussi concrets que les programmes, les partis, les personnalités qui furent les organisateurs de la défaite. Cette philosophie du fatalisme et de la prostration est diamétralement opposée au marxisme, théorie de l'action révolutionnaire », Léon Trotsky 
  • « J'ai décrit notre armement ou plutôt notre manque d'armement, sur le front d'Aragon. Il ne fait guère de doute que les communistes retinrent délibérément les armes de crainte qu'il n'en allât trop aux mains des anarchistes qui ultérieurement, s'en serviraient pour atteindre un but révolutionnaire ; en conséquence la grande offensive d'Aragon qui eût obligé Franco à se retirer de Bilbao et peut-être de Madrid, ne fut jamais déclenchée », George OrwellHommage à la Catalogne.

Fin février 1939 des centaines de milliers d'Espagnols ont franchi les  Pyrénées dans  la neige  e tel froid .

Ils vont devoir vivre une seconde guerre sur le sol de France .Beaucoup vont repartir au combat et y laisser leur vie...dans les forces libres ,avec le Maréchal Leclerc, ou  dans la Résistance .....Ceux -là étaient les proscrits de la Gestapo :  les antifascistes,  activistes, les rouges républicains espagnols  et pour finir...terroristes à leurs yeux c'est-à-dire : résistants, ceux de l'affiche rouge de M Manouchian !

Lorsque ces enfants, ces femmes et ces hommes se réfugient en France c'est pour sauver leur vie. Installés pour la majorité au Sud non loin de la frontière ,ils ont pour dessein de retourner en Espagne et de rétablir la république.Pour cela ils verseront le sang avec les alliés, en allant jusqu'au nid d'aigle en passant par Paris qu'ils libèreront le 24 aout 1944.

Hélas leur rêve de libération de l'Espagne de Franco ainsi que la Reconquista en novembre 1944, ne vont pas voir le jour. Personne ne va les aider dans cette lutte : les gouvernements européens ne voudront pas libérer l'Espagne du franquisme:  "Mieux vaut un dictateur catholique au sud de l'Europe qu'un régime pro-communiste anticlérical " diront- ils tout bas hors des micros, des caméras et des photographes   " !!!!

 Que   veulent - ils préserver  ?  La stabilité ou leurs intérêts de classe ?

De quelle stabilité parlent- ils  ? Celle d'un monde où les masses sont controlées et ne gouvernent qu'en apparence avec des élections ?  Où les pouvoirs sont concentrés dans les  mains d'une minorité politique qui deviendra la minorité capitaliste, des banquiers des  lobbies , de l'argent ?

Pour autant, l'espoir demeure en terre d'exil  et demeurera longtemps avant que les réfugiés comprennent que leur rêve était  à tout jamais brisé .

Cette" non libération" favorisera Franco la Mort qui dans l'impunité totale et internationale ne se privera pas d'exactions vis- à- vis des républicains qui tomberont  entre  ses mains : exécutions charniers ,  prison , tortures, enlèvements des bébés et nourrissons  des républicaines, maltraitance des enfants républicains et ,morts nombreuses   des enfants  républicains dans les orphelinats (faim, maladie, malpropreté, coups humiliations  )...... "Il faut  éliminer la vermine , toute la vermine" ,pensaient les franquistes. 

​​​​​​​La guerre en Espagne ne fut pas finie ce 20 mai 1939 et dura des années et des années avec une répression intérieure ,  une épuration , la chasse aux rouges partout dans les villages et les capitales comme à Barcelone où ma  mère  et ma tante nous racontèrent que les "  guardias civils" allaient de maison en maison , à la recherche des "rouges"  , à la recherche d'armes, de documents de livres, de disque  de chants révolutionnaires et      "la Sardane"  danse traditionnelle des catalans ,fut interdite ..

​​​​​​​L'exode ne s'arrêta pas en février 1939. La frontière bien que  fermée. ne stoppa pas l' hémorragie   républicaine . Les familles cherchaient des guides ,des passeurs, moyennant argent pour leur faire franchir les Pyrénées. Ce fut le cas de ma mère, ma tante ma grand-mère et ton oncle qui après plusieurs  tentatives  infructueuses , trouvèrent un guide sérieux qui les guida dans la neige de novembre 46 jusqu'à  Andorre. 

​​​​​​​Mon père passa les Pyrénées lui aussi en novembre 46 après avoir été emprisonné six ans .Il s'échappa et franchit le col du Somport, par Canfran . Il n'eut pas besoin de guide car il connaissait la montagne comme sa poche. Natif d'un village du Haut Aragon, Hécho, mon père qui avait ses frères bergers avait fait maintes fois la traversée  d'Espagne à la France en empruntant  les sentiers de la montagne.

​​​​​​​Durant toute la dictature, beaucoup d'espagnols devront quitter leur terre natale de 1939 à 1975 ....

L'histoire va t 'elle se répéter  ? Des blocs vont -ils s'affronter ? L'objectif des libéraux  , des "démocrates "comme en 1939 veulent récupérer pour eux le pouvoir en jouant sur le danger de  l'extreme droite. Ces partis furent incapables hier et le sont aujourd'hui encore, de répondre aux besoins de justice, de solidarité, de bien être  de leur peuple.

Je dédie ce poème ,  à tous ceux qui franchissent les frontières pour sauver leur vie et celles de leurs enfants  =

 Où s'en vont - ils tous ces oiseaux ?

Et à ceux de la guerre d'Espagne : les exilés

A tous les réfugiés !

Où s'en vont- ils tous ces oiseaux meurtris ?

Tous ces oiseaux qui ont quitté leur nid ?

Retourneront -ils dans la maison de leurs ancetres ?

Reverront -ils la terre qui les vit naitre ?

Reprendront -ils un jour, le chemin du retour ?

Seront -ils en exil pour toujours ?

Qu'emportent- ils dans leur valise de fortune ?

Un peu de terre un peu de ciel ,un peu de lune.

Les mouchoirs de larmes et de chagrin

Des photos, quelques mots ,quelque refrain.

Qui les attendra au bout du chemin ?

Qui viendra leur tendre la main ?

Où s'en vont -ils ces freles papillons ?

Quelle lumière les guidera vers l'horizon ?

Que cherchent- ils au bout de la nuit ?

Une lueur , une chaleur une bougie.

Mais alors qu'ils croyaient s'approcher d'elle 

C'est alors  qu' ils se briseront les ailes .

 

A donde ?

Donde se van estos pájaros heridos

Que dejaron atras, sus nidos ?

Donde se van por las puertas del infierno

Esos pajaros que olbidaron el canto ?

Voveran un dia en el pueblo de los abuelos ?

Que llevan en la maleta con ellos ?

Un poco de tierra ,de cielo, de luna

Pañuelos de lagrimas ,fotos de familia

Palabras de mantequilla,besos d'adios .

Quien los espera en el camino ?

Quien los tenderá la mano ?

Donde se van las mariposas buscando la luz ?

Se romperán las alas a las ramas de la cruz !

 

 

Les exilés

Ils se retrouvaient chaque samedi soir

Chez Zapata ,Lloret, Miguel, Soledad,

Ensemble, ils parlaient de la vie, ses déboires,

Ensemble ,ils vivaient leur tourment leur espoir.

Cloitrés dans leur passé,

Ils étaient morts-vivants

En pays étranger 

Hors de l'espace-temps.

A travers la fumée des mégots alignés

Dans cette pièce fermée

Aux rideaux bien tirés,

Ils se voyaient là-bas

Dans leur village, leur famille

A Pampelune Huesca, Saragosse , Séville.

Et ce vent de Castille les faisait chanter

Et ce Vent de Castille les faisait pleurer.

 

A travers la grisaille d'un hiver infini

Secouant l'éventail de la peur de l'oubli,

Ils retrouvaient leur patrie.

Que la guerre et la mort avaient éloignés

Que l'amour, le remords, liaient à jamais.

Fils de rien 

Ou fils de Liberté

Ils n'avaient dans leurs mains

Qu'un coeur écartelé.

Et ce vent de Castille les faisait pleurer

Quand ce vent de Castille les faisait chanter.

Tag(s) : #La fin de la guerre d'Espagne, #dictionnaire guerre d'Espagne
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